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Correspondance du peintre Nicolas Poussin (1594-1665) - Page 2

Index de l'article

 

Introduction par M. Denis Lavalle, Conservateur Général du Patrimoine au Ministère de la Culture.

"Très tôt Jacques Thuillier a compris l'importance de la correspondance de Poussin. Dès la publication des actes du fameux colloque Poussin de 1958 qu'il avait été chargé d'organiser par André Chastel, il s'était beaucoup attaché à dégager l'idée d'un corpus pussinianum où lettres, documents d'archives et témoignages de l'époque viendraient servir les fondements d'une connaissance réelle de l'artiste. Car il avait d’emblée saisi la part complexe de « l'homme » Poussin et sa très exceptionnelle position entre la France et Rome. Cependant, la multiplicité des travaux au travers desquels il s'engagea vite et qui en firent autant un connaisseur de Poussin qu'un révélateur de Georges de La Tour , des frères Le Nain ou de la peinture romantique française, l'obligea à retarder une étude dont il mesurait la très vaste étendue. Maintes fois, il avait appeler à la redécouverte des documents d'archives et il n'ignorait pas que l'on manquait d'éléments sur la jeunesse du peintre, ses premières étapes florentines, lyonnaises ou vénitiennes, et même que les changements stylistiques survenus après 1643 demandaient l'appui de textes indiscutables.

Au seuil des années 1985, un certain nombre de publications, spécialement anglo-saxonnes, repartirent vers une présentation de l'oeuvre de Poussin au travers d'intuitions plus ou moins fondées. Il se décida alors à en revenir à cette nécessité d’approcher l'artiste par l'approfondissement décisif des documents. De là l'idée d'accepter d'écrire une biographie de Poussin chez Fayard : elle fut publiée en 1988. De là l'idée d'engager la publication de la correspondance : à Pâques 1986 il donnait son acception à l'éditeur Adam Biro en indiquant que l'édition devrait se situer au même niveau scientifique et philologique que la publication entreprise en 1911 par Charles Jouanny ( la lettre est conservée dans le fonds Thuillier de Nevers). C'est-à-dire qu'il s'agissait bien de proposer une lecture nouvelle, à partir des documents mêmes, de toutes les lettres répertoriées de Poussin mais aussi qu'il serait associé à cet ensemble fondamental toute une suite de textes – parfois découverts récemment- ouvrant à la connaissance la plus large de la vie de Poussin : testaments, inventaires, décisions royales ou papales. L'idée était bien d'en revenir à un très essentiel corpus pussinianum.

Des complications surgirent. Pour financer l'édition Adam Biro s'adressa à la Fondation La Poste qui montra certes un intérêt réel. Mais elle demanda à ce que toute la prose de Poussin puisse faire l'objet d'une « traduction en français moderne ». Ce qui compliquait beaucoup les choses . Jacques Thuillier commença toutefois à rédiger son introduction, posant de nouveau le problème d'un Poussin fortement lié à la France mais construisant tout autant une image romaine. Mais la publication du grand Nicolas Poussin chez Flammarion, en 1994, l'accapara beaucoup. Ces années 1990 furent également les années des grands catalogues d'exposition : Simon Vouet, Blanchard, Baugin, Bourdon. Jacques Thuillier dut reculer de nouveau sur la mise au point du projet. Pourtant, il savait à quel point les avancées sur Poussin en passeraient par la publication et le commentaire de tous les documents positifs. C'est bien ce qui constitua le fond de son cours au Collège de France en 1988-1989. Et encore en 2008-2009, dans l'Annuaire du Collège de France, il publia une longue note sur la correspondance de Nicolas Poussin où il livra toute sa certitude que l'oeuvre et la vie du peintre exigeait la reprise moderne des textes le concernant. On sait que l'épuisement provoqué par un labeur immense, la maladie, vinrent clore toutes ses espérances.  

POUSSIN Couverture 1994

Jacques Thuillier laissa un manuscrit de plus de 550 pages, dont 150 avec beaucoup d’annotations. Outre une introduction déjà très argumentée, en particulier sur les deux fonds majeurs reliés à la correspondance - le fonds Cassiano dal Pozzo et le fonds Fréart de Chantelou -, on y trouve une suite de chapitres chronologiques reprenant les lettres de Poussin au fur et à mesure du déroulement de sa carrière. Déjà, figurent des pièces annexes importantes comme les testaments successifs ou l’inventaire après décès du 19 novembre 1665 ( avec une version complète en français). Ce travail inachevé devait s’agrandir de multiples éléments, en particulier les dernières découvertes liées à la production de Poussin avant Rome. Tel qu’il est, il démontre tout ce que Jacques Thuillier espérait d’une publication qu’il ressentait comme fondamentale pour les interprétations nouvelles de l’oeuvre de Poussin. Nul doute que la publication de ce travail sur le site internet de la bibliothèque de Nevers sera très utile aux chercheurs, ne serait-ce que pour relancer cette si utile entreprise d’un nouveau corpus pussinianum. On voudra bien croire, tout autant, que la livraison de ces pages de recherche permettent d’insister sur la haute conception de l’histoire de l’art chez Jacques Thuillier. Une conception certes attachée à saisir au plus profond d’un artiste l’idée noble de créer, mais une conception bâtie non point sur les discours incertains et les intuitions rapides, mais fondée à partir de la seule grande vérité de documents authentiques."   

Correspondance du peintre Nicolas Poussin (1594-1665) établie par Jacques Thuillier.

CHAPITRE I : 1594-1623, Jeunesse, Formation, Débuts de la Carrière

CHAPITRE II : 1624-1637, la première carrière italienne

CHAPITRE III : 1638-1639, les négociations concernant le retour à Paris

CHAPITRE IV : 1641-1642, l'épisode parisien
CHAPITRE V : 1643-1648, le retour à Rome

CHAPITRE VI : 1649-1656, l'âge mûr

CHAPITRE VII : 1657-1665, Les Dernières Années